Présentation



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SENTIMENTAL ET POLITIQUE



Mon travail se situe au croisement de deux lieux :
le sentimental et le politique, entendus au sens large
de ces mots.

Ce que j’appelle sentimental, c’est tout ce qui tient de la
préférence personnelle, de l’envie spontanée, de l’amour de
tel individu pour tel aspect de la vie, la tension toute subjective
vers telle couleur, telle forme ou tel goût.
C’est ce qui relève du désir, de l’émotionnel, de l’intime.

Quant au politique, c’est pour moi tout ce qui prend acte
de l’inscription de l’individu dans la communauté humaine
et dans un rapport à autrui.

Déposer une œuvre d’art dans un monde qui appartient à tous,
la proposer au regard de personnes qui ne font pas partie de notre
sphère privée, implique de prendre la responsabilité de ce que
l’on montre. Que sera cette œuvre sous le regard de l’autre,
et surtout, que pourra-t-il en faire, c’est-à-dire : en quoi
pourra-t-elle, même d’une manière éphémère et fragile,
contribuer à son bien ?

Ce que je nomme le terrain politique, est désir de créer des
failles dans le sensible, dans l’intelligible, par où l’évidence
se fendille : par où du sens, en un mince filet comme de l’eau
passant sous une roche, ruisselle.

Ce qui s’appuie sur la force de l’évidence pour maintenir en place
les simulacres, les mensonges de pensée qui servent au monde
à maintenir dans le malheur les humains qui y séjournent,
j’essaie de l’ouvrir, comme on ouvre une huître, une poupée russe,
ou plutôt, comme on ouvrirait un noyau.

J’essaie de l’ouvrir, pour tâcher que ce qui se donne l’apparence
de la vérité révèle son véritable visage : celui d’un problème,
d’une question à poser.

J’espère que l’art peut être ce qui travaille à instaurer
cette utopie : le débat, le dialogue, l’échange et la confrontation
entre les êtres.